Pourquoi existe-t-il des vols Air France de Orly à Roissy ?

par Claire CAMBIER
Publié le 1 octobre 2019 à 19h16
Pourquoi existe-t-il des vols Air France de Orly à Roissy ?
Source : Capture d'écran FlightRadar24

PARIS-PARIS - Air France fait voler des avions entre Roissy Charles-de-Gaulle et Orly, deux aéroports parisiens distant de quelques dizaines de kilomètres. Alors que la compagnie a annoncé mardi qu'elle s'engageait à réduire son empreinte carbone en compensant l'ensemble de ses vols intérieurs, l'existence de ces vols de Paris à Paris surprend. A La Loupe a cherché à en savoir plus.

Ce mardi, Air France a annoncé en grande pompe qu'elle s'engageait à réduire son empreinte carbone. La compagnie aérienne française compte compenser les émissions de CO2 de tous ses vols domestiques dès les 1er janvier prochain et réduire 50% de ces mêmes émissions au passager/km d'ici 2030. Un objectif écologique louable - décrit par certains comme un coup de com' -  alors que les conséquences désastreuses du trafic aérien sur l'environnement sont de plus en plus pointées du doigt.

Mauvais timing. Quasiment au même moment, des internautes s'interrogent sur l'existence de vols entre Roissy Charles-de-Gaulle et Orly, les deux aéroports parisiens séparés seulement d'une trentaine de kilomètres. Des vols de basse altitude d'une vingtaine de minutes. 

Un tweetos parisien a même posté les détails d'un de ces vols réalisé le 27 septembre dernier, le AF375Y. "Lui, quand je le vois passer à ma fenêtre (régulièrement), je me dis qu’on vit quand même dans un monde de malades", commente-t-il. 

Interrogé par LCI, Air France reconnnait l'existence de ces vols de Paris à Paris mais explique qu'il ne s'agit bien évidemment pas de vols commerciaux. "Tous les 4 à 5 ans, nos avions doivent réaliser de grands entretiens de maintenance". La seule structure permettant de les réaliser se trouve à l'aéroport d'Orly. "Ils ne peuvent pas passer par la route", indique avec une pointe d'ironie la compagnie. Et d'ajouter : "il s'agit de vols très courts, sans passager, qui consomment peu car ils sont très légers." Surtout "cette opération est nécessaire" souligne-t-elle. 

Chaque constructeur impose des entretiens de maintenance pour ses appareils. Ces entretiens sont approuvés par les autorités. Y figurent notamment des entretiens baptisés  check A, B, C et D. Les check A, B, et C sont "des entretiens courants qui peuvent également être réalisés à Roissy", explique Air France "même si le check C est déjà conséquent et peut amener à immobiliser un avion pour aller dans ses entrailles". Le check D est ce que l'on appelle "un chantier de grande visite". Il nécessite de désosser l'appareil et de l'immobiliser au moins trois semaines. Ces grands entretiens demandent donc une certaine infrastructure qu'on ne retrouve pas dans tous les aéroports, Roissy n'en est pas doté. 

"Ces vols entre Roissy et Orly concernent principalement les Boeing 777 qui opèrent beaucoup à Roissy", note la compagnie qui reconnait que l'avion peut être amené à réaliser le trajet retour, une fois la visite effectuée "pour le remettre en ligne". Si Air France assure ne pas "détenir de comptabilité de ces vols",  le site de collectes de données aériennes Flightera enregistre une dizaine de vols AF375Y chaque année. Des données que nous ne sommes pas en mesure de vérifier. Le AFR376Y qui relie à l'inverse Roissy à Orly a, lui, compté 7 vols sur les deux derniers mois, selon FlightAware.

Et les autres compagnies aériennes ?

Ces vols seraient donc un mal nécessaire pour assurer la maintenance et donc la sécurité des passagers. Et la compagnie aérienne française se vante de figurer parmi les bons élèves dans la gestion de ces entretiens. "Air France réalise ces opérations en région parisienne, d'autres compagnies, notamment les low cost, doivent se rendre à l'étranger et réalisent des vols de plusieurs heures", souligne le service communication de la compagnie.

Il y a quelques années, Vanity Fair avait enquêté sur les démarches des compagnies aériennes américaines. Elle avait alors découvert que Delta envoyait ses avions au Mexique, United en Chine et que US Airways et Southwest fly prévoyaient de lancer un contrat avec une entreprise de maintenance salvadorienne !

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Claire CAMBIER

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